Transmission comme transmettre une mission...

February 28, 2022

Autodidacte, Edgar Morin fait figure - pour beaucoup, et peut...

Transmission comme transmettre une mission...

Autodidacte, Edgar Morin fait figure - pour beaucoup, et peut-être pour vous, comme pour moi - de Sage. Sociologue et philosophe, créateur de la pensée plurielle et complexe, il a su rester libre comme peu de gens de sa trempe. Je suis admirative de son travail, de son courage, de sa pensée auto-critique et de la transmission qu'il nous donne et nous tend comme une bouée de sauvetage. Alors, quand avant de monter dans mon TGV il y a quelques jours, je suis tombée sur son dernier livre Leçons d'un siècle de vie, je me suis dit que, ce savoir de toute une vie - et quelle vie! - retranscrite noir sur blanc en 147 pages, c’était l’Affaire du siècle, et l'Affaire de nous, tous.

Je vais donc faire (plutôt) court pour ne pas vous surcharger et (simplement) vous donner peut-être la curiosité de continuer la lecture et de vous procurer le livre si ce n’est pas déjà fait.

En préambule, Edgard ( Je me permets, si tu me permets Edgar ) précise : "Pas de leçon de vie, mais une façon de s’interroger sur sa propre vie, pour trouver sa propre voie." ( Il y a des bouquins de coaching qui ne diraient pas mieux… oui car vous l’aurez compris j’enrichis encore ici et toujours ma pratique de coach au passage ;)

On attaque dans le vif, par l’identité une et multiples.

« Je suis un humain parmi 8 milliards, je suis un individu singulier et quelconque, différent et semblable aux autres. Je suis le produit d’événements et de rencontres improbables, aléatoires, ambivalentes, inattendues. Et en même temps je suis moi, individu concret doté d’une machine hyper-complexe auto-éco-organisatrice qu’est mon organisme, machine non triviale, capable de répondre à l’inattendu et de créer l’inattendu. »

C’est la plus juste définition de l’homme que je n’ai jamais entendu jusqu’alors, et ça m'a fait quelque chose, surtout cette notion d'inattendu. Cette définition est celle qui éclaire. Sur ce que je suis, ce que tu es et ce que nous sommes profondément. Tout y est. Être humain, c’est quelque chose, ce n’est pas rien. Loin de l'"Homo augmenté", transhumaniste, déconnecté et individualiste.

« Le refus d’une identité monolithique ou réductrice, la conscience de l’unité/ multiplicité de l’identité sont des nécessités d’hygiène mentale pour améliorer les relations humaines. » En ce moment même, ceux qui s'expriment publiquement ne pourraient-ils pas se nourrir davantage de cela au lieu de carburer à la haine, par la division ?

« Nous avons beau nous croire armés de certitudes et de programmes, nous devons apprendre que toute vie est une navigation dans un océan d’incertitudes à travers quelques îles ou archipel de certitudes où nous ravitailler » Cette phrase fait pour moi totalement écho à ce que nous vivons et vivrons, faire de l’incertitude une force, ne pas se figer sur la certitude par manque de volonté ou de courage et refuser de se laisser gagner la peur. Ce paradigme est pour moi essentiel pour apprendre à regarder le monde, à le questionner et vivre ensemble.

Ce qui me paraît capital aussi dans la pensée d’Edgar, ( je me permets à nouveau me sentant en terrain (re)connu ) c’est la notion de communauté de destin, qu’il a déjà explicitée dans Terre-Patrie mais qui ressort pour moi comme étant capitale dans la construction de notre maintenant et de notre demain.

Je finirai par les quelques guides « sages » et donc « fous » que l’auteur partage à la fin du livre :

- Préliminaire : savoir s’étonner et s’interroger sur ce qui semble normal et évident.

1-   Contextualiser tout objet de connaissance, comme un mot prend son sens dans la phrase, et sa phrase dans un texte, tout être vivant nourrit son autonomie en puisant énergie et information dans son contexte écologique et social et ne peut être considéré isolément.

2-    Reconnaître la complexité : cad les aspects multidimensionnels et parfois antagonistes ou contradictoires des individus, événements et phénomènes.

3-    Savoir distinguer ce qui est autonome ou original, et savoir relier ce qui est connecté ou combiné. Depuis l’école primaire considérer cette préparation à la vie comme un jeu ininterrompu de l’erreur et de la vérité.

Pour conclure dernière pépite de vie :

A la doctrine qui répond à tout, plutôt la complexité qui pose question à tout.

En espérant que ça vous donnera peut-être envie d'aller vous aussi plus loin en suivant les pas d’Edgar pour les prochains 100, je vous dis à bientôt, toujours en question et... en livre !

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